EDITORIAL – AVRIL 2025

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« Pour vivre heureux, vivons cachés ? »

Ce vieil adage prône la préservation de sa vie privée pour accéder à une vie heureuse.
Il date du XVIIe siècle ; Jean-Pierre Claris de Florian en est l’auteur. Dans la fable du Grillon, le grillon est triste, seul, ignoré… Il aperçoit un papillon aux couleurs vives, virevoltant de fleur en fleur.

« Autant vaudrait n’exister pas »,
se dit le grillon.

Cependant, arrive une troupe d’enfants qui court après le papillon ; celui-ci n’arrive pas à leur échapper. Les enfants finissent par l’attraper et le déchirer… Alors s’exprime le grillon :

« Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons cachés. »

Les tumultes du monde actuel, les modes relationnels qui peuvent être violents, pourraient bien nous donner envie de faire comme le grillon…

Lors d’une émission de radio avec Charles Pépin, philosophe et romancier, une jeune femme lui demande quelle est la clef du bonheur.
Charles Pépin s’appuie sur l’œuvre de Hegel. Pour celui-ci, le besoin de reconnaissance est un besoin vital. L’être humain existe dans le regard de l’autre.
Tout être humain a besoin d’être considéré, d’être reconnu. Le besoin de reconnaissance serait le pilier de l’estime de soi.

« La reconnaissance est la mémoire du cœur »,
a écrit H. C. Andersen.

En même temps, chaque personne a besoin de revenir à soi, de se retrouver par elle-même, de se reconnaître elle-même.
N’est-ce pas l’équilibre entre les deux, une sorte de valse à deux temps, qui serait la clef du bonheur, ou tout au moins du bien-être ?

Dans l’espace de médiation, c’est ce que nous tentons de favoriser : L’individuation et la reconnaissance mutuelle.

Marianne Souquet